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Les ratés de Chicago

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L'intérêt croissant pour les marchés à terme en Europe, avec l'extension à venir à de nouveaux produits comme l'orge de brasserie ou les produits laitiers en France, ne doit pas occulter les quelques défaillances relevées aux Etats-Unis lors de la campagne 2008 2009. En effet, « le marché à terme de Chicago a connu de sérieux ratés », a expliqué Michel Ferret, responsable Marchés et études de filières de FranceAgriMer, lors d'une conférence au Salon de l'agriculture, en mars dernier.

La prime au Golfe (différence entre le prix Fob et le marché à terme de Chicago) est devenue fortement négative alors qu'elle est censée être positive puisque le prix du physique fait intervenir, entre autres facteurs, les coûts de transport jusqu'aux ports d'exportation au niveau du Golfe du Mexique. C'est comme si le blé Fob La Nouvelle-Orléans était devenu moins cher que le rendu silo de débouclage physique à Chicago ! Une situation générée souvent par l'attrait des financiers, pendant la période d'inflation des marchés des matières premières, sur le blé soft red winter (SRW), entraînant une spéculation favorisant la hausse du « papier » et la décote du « physique ». A noter que ces ratés n'ont pas touché le soja ou le maïs, également cotés à Chicago. Ce qui confirme que le SRW devient de plus en plus un contrat financier et n'est plus représentatif de la réalité de la production de blé, largement orientée vers le hard red winter (HRW). Conséquence : certains opérateurs français semblent se tourner vers la place de Kansas City pour s'arbitrer, même si les spécifications qualitatives de ce contrat ne correspondent vraiment pas au standard français. C'est dire !

En réaction, le contrat SRW à Chicago a été modifié à l'automne 2009 (création de nouveaux points de livraison en marché à terme le long du Mississipi, modification des critères de qualité et introduction de majorations mensuelles variables, selon la période de l'année). La prime est redevenue positive, de l'ordre de dix à quinze dollars la tonne en janvier. Les choses semblent ainsi s'arranger de ce côté de l'Atlantique tandis que de l'autre, à la même période, un gros décalage entre le Fob Rouen et Euronext est observé ! Les premières prémices de ratés en France… « Et si le Matif en France était un appendice de Chicago ? », s'interroge Michel Ferret.

Catherine Queheille

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